Naissance du premier instrument au CFAIT : Le tamtam traditionnel ‘Toubalé’

Une ouverture rythmée sous le signe de la transmission

Le mardi 10 octobre 2024, le Centre de Fabrication et d’Apprentissage des Instruments Traditionnels (CFAIT) a officiellement lancé son programme de formation par une cérémonie d’ouverture forte en symboles. Juste après les discours d’introduction, les 17 jeunes participants âgés de 16 à 19 ans ont fait la rencontre du premier formateur : Alassane Dicko, maître du tamtam traditionnel, reconnu dans la région de Diré pour son savoir-faire ancestral.

Ce fut le début d’un atelier d’exception, au cours duquel les élèves allaient fabriquer — de leurs propres mains — le tout premier instrument du centre : le toubalé, tamtam emblématique de la tradition songhaï.

L’histoire d’un instrument de rassemblement

Le toubalé, plus qu’un simple instrument, est un symbole d’unité et de parole collective. Autrefois utilisé dans les grands rassemblements villageois, il rythmait les chants, les danses, les appels à la prière et les cérémonies. Sa fabrication était transmise oralement, de maître à disciple.

Mais aujourd’hui, peu de jeunes connaissent encore ses secrets de fabrication. C’est pourquoi cette initiative du CFAIT prend tout son sens.

Du métal recyclé à la peau de bœuf : les composants d’un patrimoine

Sous l’œil attentif du maître Dicko, les élèves ont découvert les matériaux utilisés pour créer ce tambour traditionnel :

  • Deux bonbonnes de gaz recyclées servant de caisse de résonance,
  • Une peau de bœuf trempée pendant 24 heures,
  • Des cordelettes en peau découpée pour la fixation,
  • Une lame affûtée pour le rasage final,
  • Et une source de feu pour chauffer et accorder l’instrument.

Autrefois taillé dans du bois massif, le toubalé trouve ici une réinvention ingénieuse à travers le réemploi de matériaux contemporains, en conservant la logique acoustique d’origine.

Un atelier pratique, une pédagogie vivante

Pendant quatre jours (du 10 au 13 octobre), les participants ont été impliqués à chaque étape : découpe de la peau, perçage, fixation manuelle, exposition au soleil pour le séchage, puis rasage du cuir.

« C’est la première fois que je touche un instrument de chez nous, que je le construis moi-même… C’est comme découvrir un trésor caché dans ma propre culture », confie Amadou, 17 ans, l’un des apprenants.

Après deux jours de séchage, le maître Dicko a procédé à la chauffe au feu, qui permet de tendre la peau pour ajuster la tonalité. Le son obtenu est profond, vibrant, ancestral.

Une première vibration, une émotion partagée

Le 13 octobre, les deux tamtams finalisés ont résonné pour la première fois dans la cour du CFAIT, sous les regards émus des jeunes et des encadrants. Applaudissements nourris, sourires et larmes discrètes ont ponctué ce moment historique.

« Ce jour restera gravé, car nous avons redonné vie à un son que nos grands-parents connaissaient, mais que nous étions en train de perdre », explique Kadiatou, 18 ans, élève participante.

Un savoir ancré, un avenir à transmettre

Cet atelier n’a pas seulement permis de fabriquer un instrument. Il a permis à une génération de se reconnecter à son héritage, d’apprendre en pratiquant, et de prendre conscience de la richesse de ses racines culturelles.

Et ce n’est que le début. Les prochaines sessions porteront sur la flûte “Koullou”, le Djourkel, la guitare “Koubour”, le violon “Ndjarka” et bien d’autres instruments issus du patrimoine vivant de Diré.

Participants : 17 jeunes
Formateur : Maître Alassane Dicko
Dates : 10 au 13 octobre 2024
Lieu : CFAIT, Diré
Instrument fabriqué : 2 tamtams « Toubalé »
Composants principaux : bonbonnes de gaz, peau de bœuf, cordelettes en cuir, feu de chauffe

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